Vers l'avenir : l'autonomie gouvernementale des Premières nations du Yukon
Ce vidéo a été créée par le gouvernement du Canada pour donner aux téléspectateurs un aperçu des négociations et de la mise en œuvre des revendications territoriales et de l’autonomie gouvernementale des Premières nations au Yukon, y compris des initiatives dans les domaines de la gouvernance, des programmes et des services, du développement économique, de l’éducation et des terres. De tous les accords de revendication territoriale et d’autonomie négociés au Canada, la majorité se trouve au Yukon. En négociant ces accords, les Premières nations du Yukon, le Canada et le Yukon ont établi un nouveau modèle de gouvernance sur le territoire, qui reconnaît l’autodétermination des Premières nations du Yukon et leur permet de tracer leur propre voie.
L’autonomie gouvernementale des Premières nations du Yukon
Pour plus de renseignements sur le ministère fédéral des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, visitez le site Web https://www.canada.ca/fr/relations-couronne-autochtones-affaires-nord.html.
Transcription du vidéo
Façonné par le temps… le territoire canadien du Yukon est vaste et sauvage. Depuis dix mille ans, des gens vivent sur cette terre qui est leur chez eux. Les paysages naturels ne changent pas, mais le paysage politique du Yukon est en cours de transformation.
Eric Morris: "Nous sommes très fiers de pouvoir déterminer notre avenir, de décider ce que nous devons faire pour nous-mêmes."
Norma Shorty: "L’autonomie gouvernementale est fondée sur nos principes, nos valeurs, nos vertus, nos chansons et notre langue."
John Burdek: "Nous avons maintenant l’occasion de devenir vraiment autosuffisants et d’avoir l’autodétermination. Et nos accords d’autonomie gouvernementale nous donnent les moyens de le faire."
Histoire
Au cours des siècles, les Autochtones ont créé des cultures énergiques et stables, ayant chacune sa langue et ses traditions propres. Mais avec l’arrivée des négociants étrangers, des vagues de changement ont déferlé sur le Yukon : les missionnaires, les chercheurs d’or, les politiciens, tous ont laissé leur marque.
Le gouvernement du Canada a adopté des lois affirmant sa compétence législative sur les Indiens et sur leurs terres. Cent ans plus tard, les Premières Nations du Yukon demandaient au gouvernement fédéral d’enclencher un processus de négociations de leurs revendications globales.
Le chef des Tlingit de Teslin, Sam Johnston, faisait partie de cette délégation.
Sam Johnston: "Notre message au gouvernement fédéral à l’époque était que nous étions un peuple autonome qui s’était toujours gouverné lui-même. Nous ne voulions plus que nos vies soient dirigées par d’autres."
Durant les années 90, après vingt ans de négociations difficiles, les Premières Nations du Yukon ont signé des accords de revendications territoriales et d’autonomie gouvernementale. En 2006, onze des quatorze Premières Nations du Yukon avaient tourné la page sur la Loi sur les Indiens.
Aperçu de l’autonomie gouvernementale
Aujourd’hui, les Premières Nations du Yukon sont à l’avant-garde du mouvement vers l’autonomie gouvernementale autochtone.
Il y a plus de 600 Premières Nations au Canada, et la majorité des Premières Nations autonomes se trouvent dans le territoire du Yukon. Lorsqu’une Première Nation signe un accord d’autonomie gouvernementale, elle cesse d’être une bande au sens de la Loi sur les Indiens et décide de son avenir.
Justin Ferbey: "Quand on commence à penser ce qu’on veut pour l’avenir, on se pose tous la question de savoir ce qu’on veut au juste, quelle est notre vision de l’avenir. Et en fin de compte, ça revient à l’indépendance économique, à la fierté nationale, à la compréhension culturelle, à l’éducation, à la croissance des enfants dans un milieu sain, ce que tous les Canadiens attendent de leur gouvernement."
Gouvernance
L’autonomie gouvernementale commence avec la définition d’une constitution. Les citoyens de chaque Première Nation décident du chemin à suivre.
Carcross/Tagish First Nation committee member: "Je crois que la législation pour nous est essentielle. En adoptant un système de clans, j’ai remarqué que ça permet de donner plus de pouvoir à plus de gens. Je crois que c’est un des avantages du système clanique : il donne à chaque personne la responsabilité de faire un choix."
Justin Ferbey: "Les accords en fin de compte permettent de rendre des comptes à la communauté de façon concrète."
Chef Mark Wedge: "Nous avons demandé à la communauté si elle veut un modèle de gouvernance inspiré de la Loi sur les Indiens ou une forme de gouvernance traditionnelle. La communauté a répondu : ‘Nous voulons une forme de gouvernance traditionnelle, nous voulons revenir aux structures traditionnelles."
John Burdek: "C’est un gouvernement fondé sur la communauté. Et ces Premières Nations n’ont pas des populations très nombreuses. Certaines ne comptent pas plus de 200 membres. Le gouvernement doit donc définir avec précision les mécanismes de soutien et la façon de faire participer les citoyens, puis aller de l’avant. Je crois qu’il est très rentable d’être proche de la communauté, de rapprocher le processus de prise de décisions de la communauté pour être une Première Nation autonome."
Parmi les nouveaux pouvoirs qu’une Première Nation autonome doit assumer est celui d’adopter des textes de loi pour ses membres."
Chef Mark Wedge: "Le Canada a adopté des lois en vertu de la Loi sur les Indiens, mais ces lois nous empêchaient de pratiquer notre culture, d’être propriétaires de nos entreprises, d’aller à l’école : toutes ces lois avaient ce genre de répercussions. Ça nous a causé des problèmes. Et beaucoup de dysfonctionnements. Les accords d’autonomie gouvernementale nous permettent d’adopter nos propres lois. Et nous pensons que si des lois nous ont causé des problèmes, d’autres lois peuvent nous aider à les régler. "
L’autonomie gouvernementale n’est pas une chose nouvelle pour les Premières Nations : elles ont de longues traditions de gestion de leurs propres affaires. Le changement profond c’est qu’elles peuvent maintenant s’asseoir à la même table que les représentants fédéraux et territoriaux pour tout négocier, depuis le partage des recettes jusqu’à la gestion des territoires visés par les accords.
Dennis Fentie: "Chaque fois que vous donnez à une Première Nation la responsabilité de gérer ses propres affaires au nom de ses citoyens, vous constatez une amélioration nette de sa situation politique, sociale et économique."
Victoria Fred: "Ça n’a pas toujours été facile, mais nous avons beaucoup de chance d’avoir cette nouvelle relation. Ça exige beaucoup d’investissements proactifs de la part de toutes les parties et nous aurons des défis à relever, mais d’un autre côté nous voyons une amélioration chez nos jeunes qui prennent conscience de leur identité et renouent avec leur culture et prennent leur responsabilité au sein de la communauté. Et quand les jeunes voient qu’ils ont un avenir dans leur communauté et qu’ils peuvent faire une différence dans leur communauté, c’est un avantage pour toute la société canadienne. Alors pourquoi pas?"
Programmes et services
La responsabilité de nombreux programmes et services est transférée des gouvernements fédéral et territorial aux Premières Nations. Chaque communauté peut décider des programmes qu’elle veut fournir en fonction de ses propres ressources et capacités.
John Burdek: "Du temps de la Loi sur les Indiens, ont devait s’adresser à différents paliers administratifs pour obtenir des programmes. La Loi sur les Indiens contrôle les paramètres, le contenu, ce que vous pouvez faire et l’administration des ressources. Mais en tant que Première Nation autonome, vous pouvez prendre vos décisions de dépenser en fonction de vos priorités. Vous pouvez allouer les ressources que vous avez constituées à partir de vos recettes propres en tant que gouvernement autonome."
Aujourd’hui, les Premières Nations autonomes utilisent leurs recettes fiscales pour construire des logements de qualité, fournir des emplois, générer des recettes et construire un meilleur avenir. Comme chaque Première Nation autonome décide pour elle-même des programmes et des services qu’elle veut fournir, des ressources peuvent être ciblées sur les besoins précis de chaque communauté. Pour les Kwanlin Dun, il s’agit d’un programme de bien-être au centre de santé.
Développement économique
Les Vuntut Gwitchin ont défini le développement économique comme un besoin urgent, et l’autonomie gouvernementale a servi de catalyseur de nouveaux investissements. Old Crow se trouve au nord du cercle arctique, à 100 kilomètres de la route la plus proche. C’est une des plus anciennes communautés des Premières Nations dans le territoire. Les Vuntut Gwitchin ont été parmi les premiers à adopter l’autonomie gouvernementale.
Stephen Mills: "Cela a permis au gouvernement des Vuntut Gwitchin de prendre les choses en main. Et l’une des premières décisions qu’il a prises a été d’utiliser une petite partie des sommes versées dans le cadre du règlement de sa revendication pour l’investir dans ce qui est devenu une des principales ressources de la communauté, Air North."
Air North permet à Old Crow d’avoir un lien essentiel avec Whitehorse et le monde extérieur. La Vuntut Gwitchin Development Corporation a acheté la moitié de la compagnie aérienne alors qu’elle était une petite entreprise de 30 employés. Aujourd’hui, 260 personnes travaillent pour Air North, et la compagnie prospère.
Stephen Mills: "Le succès d’Air North n’est pas dû au versement de l’indemnité financière, il est dû au fait que la communauté a su administrer cette indemnité et prendre de bonnes décisions d’affaires et est parvenue à créer une compagnie aérienne prospère et de niveau mondial. Du temps de la Loi sur les Indiens, nous étions administrés au jour le jour, mais maintenant nous avons des excédents, nous planifions à long terme et nous sommes fiers de la façon dont notre gouvernement fonctionne et beaucoup de membres de notre communauté sont des travailleurs qualifiés."
Éducation
L’autonomie gouvernementale transforme également les milieux de l’éducation. La situation est propice à de nouveaux outils d’apprentissages, tels que l’enseignement préscolaire et les bourses d’études postsecondaires.
Norma Shorty: "La Première Nation de Carcross/Tagish a décidé d’élaborer son propre programme d’enseignement parce que nous voulions appliquer les méthodes des Premières Nations à l’enseignement et à l’apprentissage. Nous voulions intégrer nos Aînés et nos personnes-ressources dans l’action de l’école. Nous voulions que les programmes d’enseignement fassent une place à nos réussites, à nos clans, à nos légendes, à nos valeurs et à nos vertus. Les enfants apprennent toujours à lire et à écrire, mais sur nos textes de nos traditions, si bien qu’ils développent un sentiment de fierté de leur culture. Nous ne demandons pas au gouvernement de faire ça en notre nom. Nous voulons le faire nous-mêmes parce que nous avons des accords d’autonomie gouvernementale, parce que nous voulons développer nos capacités sur le terrain, parce que nous sommes autonomes."
Eric Morris, chef du Conseil des Tlingit de Teslin: "Quand je vais dans une salle de classe et que je vois les membres de notre Première Nation en train d’enseigner à nos enfants dans notre langue, ça me réchauffe le cœur de voir nos enfants parler dans notre langue tlingit. L’autonomie gouvernementale c’est ça : nous avons les moyens de déterminer notre propre avenir, de déterminer ce que nous voulons faire par nous-mêmes et pour nous-mêmes."
Retour à la terre
Près de Whitehorse, Gary Bailie amène les Kwanlin Koyotes en promenade en pleine nature. Mais c’est plus qu’une activité récréative.
Gary Bailie: "Les gens des Premières Nations ont toujours vécu de la terre. Avec l’avènement de la société moderne, nous avons moins de contact avec la terre. C’est donc une façon de conserver cette connexion et espérons-le, d’entretenir une compréhension véritable des pratiques traditionnelles parmi lesquelles le respect et la conservation de la terre elle-même. Maintenant que nous avons signé des accords d’autonomie gouvernementale, plus personne ne nous punit si on parle notre langue, ou si on va à la pêche ou à la chasse en pleine nature. Je crois qu’il s’agit de reprendre possession de ce qui nous appartient."
En fin de compte, c’est le retour à la terre qui donne sens à tout ça.
John Burdek: "L’autonomie gouvernementale n’est pas seulement une question de compétence administrative et de pouvoir législatif. Les pouvoirs sont un moyen, pas une fin, vous savez. Nous voulions conserver notre lien avec la terre de façon durable et viable. Il fallait tant l’autonomie gouvernementale. Et prendre le contrôle de la réglementation et de la législation pour prendre les décisions qui s’imposent sans dépendre de la volonté d’autres gouvernements."
Ensemble, les Premières Nations du Yukon sont en train de créer un modèle de gouvernance dont les Autochtones d’ailleurs peuvent s’inspirer. En changeant les modes de vie, en transformant les relations intergouvernementales et en alliant l’ancien au moderne, l’autonomie gouvernementale ouvre la voie à un meilleur avenir.
Norma Shorty: "L’autonomie gouvernementale m’a donné un but : elle m’a donné le but d’apprendre ma langue, d’apprendre ma culture, d’apprendre mon système clanique, d’apprendre les récits de mes aïeux, d’avoir des racines. Je sais d’où je viens, je sais qui je suis. Voilà ce que l’autonomie gouvernementale a fait pour moi."